Pascale Le Néouannic, secrétaire nationale du PS aux transports met ici à notre disposition une batterie d'arguments pour combattre les mensonges de la droite sur les régimes spéciaux.
La droite mène une campagne idéologique
Pointés du doigt comme des « nantis », les salariés qui bénéficient des « régimes spéciaux » sont pourtant loin de bénéficier de droits exorbitants. Mais pour la droite qu’importe. Ce qui compte c’est de parvenir à détourner l’attention du plus grand nombre sur les privilèges qu’elle accorde aux plus riches. Et pour cela il lui faut des boucs émissaires.
Ne nous y trompons pas la droite ne veut pas régler le problème de l’équilibre financier des régimes de retraite par répartition. Au contraire elle cherche à remettre en cause notre système de solidarité nationale pour renvoyer chacun à sa capacité individuelle à se prémunir, se protéger…
Déjà durant la campagne présidentielle la droite avait cibler les plus fragiles pour les stigmatiser opposant les salariés entre les prétendus assistés et « ceux qui se lèvent tôt »… Maintenant c’est au tour des « régimes spéciaux » d’être montrés du doigt. Mais pas n’importe lesquels. Les clercs de notaires personne n’en parle… Non sur les 124 régimes spéciaux seuls quelques uns font l’objet de tirs appuyés de la part du gouvernement parmi ceux-ci les cheminots…
Les salariés des entreprises comme ceux de la SNCF partent en retraite à 55 ans, voire à 50 ans pour les « roulants ». Ils cotisent 37,5 années. Leurs retraites sont calculées sur le dernier salaire. L’argumentaire de la droite c’est de prétendre que cela n’est pas acceptable au regard du sort imposé aux salariés du privé et de la Fonction publique …
Autre argument souvent avancé pour justifier de la suppression des « régimes spéciaux » : il faudrait prendre en compte la pénibilité, sous entendu il n’y aurait plus de pénibilité à conduite une locomotive aujourd’hui… C’est un des nombreux paradoxes de notre époque qui veut que l’on remette en cause les régimes spéciaux instaurés pour protéger les salariés exerçant un métier difficile au nom de la pénibilité apparus ou confirmés dans d’autres métiers. Mais le gouvernement n’a nullement l’intention de trouver des solutions pour faire face à cette pénibilité du travail. Non il souhaite surtout aligner par le bas les droits à la retraite pour tous. Et comme les régimes spéciaux partagent d'avoir été épargnés par la réforme Fillon. Le même Fillon souhaite maintenant s’attaquer à ces régimes spéciaux sous couvert « d’équité entre les salariés », notion toute relative car l’égalité de condition de travail entre salariés n’est pas une réalité loin s’en faut…
L’argument de « l’équité » est un faux semblant !
Les agents de la SNCF (160.000 environ) partent en retraite à 55 ans (50 ans pour les « roulants ») certes mais ils cotisent plus. Lorsque qu’un salarié du privé cotise environ 26% de son salaire (régime général et ARCCO) l’agent de la SNCF cotise près de 36 % de son salaire. Une partie de ces 36 % est certes payée par l’Etat mais c’est aux dépens d’un salaire direct plus élevé.
Le montant de retraite des cheminots est inférieure au montant moyen des pensions. Pour partir plus tôt à la retraite, les agents de la SNCF non seulement cotisent plus mais accepte d’avoir un taux de remplacement inférieur de 10 point au taux de remplacement des autres salariés. Le taux de remplacement de la pension des salariés de la SNCF non cadre est de 61% contre 71% pour le régime général.
La retraite d’un agent de la SNCF est calculée sur son dernier salaire. C’est un acquis qui n’est pas transposable pour un salarié du privé qui peut voir son revenu considérablement régresser au cours de cette dernière année. La vraie égalité avec les salariés du public serait de revenir au calcul de la retraite sur la base des 10 meilleures années.
Les 37,5 années de cotisation. Pour la droite une seule possibilité : allonger la durée de cotisation à 40 ans. Elle rappelle comme une rengaine que l’espérance de vie après 60 ans augmente. C’est une bonne chose dont nous devons nous réjouir. Cependant la durée de vie augmente beaucoup moins rapidement que ne l’affirme l’UMP et concernant « l’espérance de vie », nous ne sommes pas égaux. Selon l’INSEE dans une note publiée en Juin 2005 les écarts d’espérance de vie entre catégories socioprofessionnelles se sont accrus chez les hommes (les hommes cadres vivraient 7 ans de plus que les ouvriers) alors qu’ils restaient stable chez les femmes. Parmi les facteurs identifiés pour expliquer les différences de mortalité, certaines professions sont plus sujettes à des horaires de travail décalés qui affectent l’état de santé et donc la mortalité.
La faiblesse du rapport entre actifs et retraités. L’écart est aujourd’hui très important puisque un actif de la SNCF finance 2 retraités mais les calculs du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a établi que du fait de la diminution du nombre de pensionné l’équilibre financier serait assuré à partir de 2020.
Réformer les régimes spéciaux ne réglera nullement la question de l’équilibre des régimes de retraites. Autre idée reçue en supprimant les régimes spéciaux on va sauvegarder la retraite par répartition. Or, les salariés des régimes spéciaux de retraites représentent peu de personnes. Prétendre dès lors qu’il faut s’attaquer à ces régimes spéciaux pour retrouver l’équilibre des régimes de retraite est un argument fallacieux ! Si actuellement il y a environ 500 000 retraités relevant des régimes spéciaux pour un total de 12 millions de retraités, soit 4,2 %. En 2025 ils seront environ 300 000 relevant des régimes spéciaux pour environ 18 millions de retraités, soit 1,6 % du total….